Turbulences et oscillations du vent.
"Du toucher de
barre aux choix tactiques, sachez toujours clairement identifier dans quel régime
de vent vous allez naviguer".
Introduction :
En altitude, les masses d'air en déplacement ne rencontrent que peu d'obstacles,
et les variations de direction du vent sont fortement liées aux variations de
sa vitesse, principalement sous l'effet de la force de Coriolis. Plus la vitesse
du vent augmente, plus il est dévié vers la droite. Plus on se rapproche du
sol, plus le vent est freiné par les obstacles qu'il rencontre, ou les surfaces
qu'il franchit.
Le vent qui suit un parcours maritime aura une
orientation proche de celle du vent synoptique à un angle près.
Il sera néanmoins plus à gauche que le vent d'altitude, car freiné par sa proximité
avec la surface de l'eau. On gardera, sur un plan d'eau alimenté par ce type
de vent, une bonne corrélation entre la vitesse et la direction du vent.
Proportionnellement aux variations de la rugosité des reliefs et surfaces franchies
par le vent dans les basses couches, la corrélation vitesse/direction du vent
diminue.
Dans le cas d'un vent qui suit un parcours terrestre, les effets de site prennent
le pas sur la force de Coriolis. ils provoquent des modifications plus ou moins
persistantes de la direction du vent, aux différents points du plan d'eau.
Le parcours initial du vent a également une incidence non négligeable sur le
caractère plus ou moins turbulent du vent instantané, déterminant l'épaisseur
de ce que l'on appellera alors la "bande de vent".
Suivant l'échelle de temps considérée, le vent peut toujours être décrit comme
oscillant. Mais de part et d'autre du vent mesuré à un instant T, le vent oscille
dans des proportions plus ou moins grandes mais sur des durées très faibles.
Ces turbulences ne peuvent être mesurées sans un appareillage électronique
particulier. Par contre elles auront des conséquences importantes sur le rendement
du bateau, et notamment sur le "toucher de barre" du barreur et sa qualité
de suivi de vent.
Il y donc bien une distinction à faire entre la turbulence et l'oscillation.
Prendre en compte la turbulence imposera une adaptation technique
qui renvoie à la fois aux choix de réglages, et au toucher de barre. Dans l'oscillation,
l'adaptation tactique est possible car l'amplitude et la durée
des bascules permettent de les mesurer et de les exploiter par des choix tactiques
appropriés car elles sont décelables au compas magnétique ou électronique.
"
Dans ''Nouvelles techniques pour gagner'', j'ai décrit
les différents types de vent et la structure fine du vent. A l'échelle horaire,
comme à celle de la minute ou de la seconde (turbulence), on peut constater
que l'azimut du vent réel fluctue en continu. Indépendamment de la durée de
la mesure, on observe les mêmes phénomènes d'oscillations de l'azimut du vent,
ce qui veut dire que toute variation de 5° de l'azimut d'un côté sera forcément
suivie d'un retour de l'autre côté
Dans le cadre des jeux olympiques, de la Coupe de l'America, ou des régates
côtières, nous naviguons toujours dans un vent dit turbulent. Ce vent n'est
jamais mesuré par nos instruments électroniques de bord, encore moins avec la
girouette à main et le compas de relèvement de l'entraîneur.
Ce que l'on mesure uniquement, c'est l'azimut moyen ou géographique du vent,
c'est à dire le cap du vent, afin d'élaborer une approche stratégique de la
navigation. Pour mesurer le vent turbulent, son instabilité, il faut recueillir
"l'enveloppe" du signal de base et, après traitement informatique, extraire
ce que l'on appelle ''la bande de vent''. Qui dit ''bande de vent'',
dit deux caps de vent extrême pour un même vent moyen, un cap mini et un cap
maxi du vent turbulent.
En réalité, au même instant, il existe pour le régatier deux azimuts de vent
qui sont d'autant plus différents que l'air sera très turbulent. L'établissement
d'une brise de mer répond précisément à ce cas. Il y a donc deux lay-lines associées
à ces deux vents : ce sont les lay-lines de turbulences.
L'importance du toucher de barre
Un veering en babord amure devient un refus, un
backing une adonnante. Ce qui veut dire que durant une mesure comprenant une
succession de veerings et de backings, on cherchera une optimisation permanente,
un réajustement pour maintenir le meilleur compromis cap/vitesse.
C'est en particulier sur ce travail de suivi de vent que les coureurs de haut
niveau se différencient des espoirs. Dans une adonnante on n'assiste généralement
à aucun problème d'ajustement, bien que le lof ne soit pas aussi franc dans
tous les cas
La tendance naturelle conduit à moins accepter l'idée du refus que de l'adonnante
; le résultat observé, c'est dans la refusante une succession de petites pertes
de portance des voiles traduites sur les courbes en chutes de vitesse et finalement
de VMG.
Il faut garder à l'esprit qu'une évolution du vent en direction n'est que le
résultat d'une succession de veerings et de backings, d'amplitudes et de durées
variées, mais en nombre égal : un coup à gauche, un coup à droite du vent moyen.
Le toucher de barre du coureur est précisément cette aptitude à négocier cette
alternance de refus-adonnantes sans que son suivi de vent n'en soit altéré."