Les Fondamentaux de la Voile

" Ce qui compte, ce n'est pas tant la bouée que l'on vise, que la route que l'on emprunte pour y parvenir "

Comprendre – Se représenter les routes

Dans la construction de ses compétences de régatier, l'acquisition de connaissances balise le parcours du coureur. Ces connaissances l'aident à mieux comprendre son activité et les situations dans lesquelles il s'engage :

- Elles l'aident dans l'orientation de son attention, dans l'analyse des informations qu'il recueille et dans la prise de décision qui s'impose à chaque instant de la régate.
 
- Elles lui permettent également de construire et d'affiner ses représentations de la pratique compétitive à chaque étape de sa progression, à chaque situation nouvelle à laquelle il est confronté.

Pour l'entraîneur, il ne s'agit pas de transmettre des données issues du haut niveau, mais d'aider le coureur à enrichir progressivement ses représentations de l'activité à l'aide de connaissances adaptées à son niveau.

Les minimes qui s'interrogent sur les principes de réglage du génois de l'Equipe, n'ont pas besoin de connaître les mêmes principes d'aérodynamique que les coureurs en 470 qui travaillent au développement de leurs voiles dans le cadre d'une préparation olympique.

Mieux, certaines connaissances peuvent être pertinentes à un niveau de pratique donné pour une catégorie d'âge donnée, alors qu'elles sont inexactes sur un plan purement théorique.

C'est tout l'enjeu de la "transposition didactique", de l'organisation et de l'adaptation des contenus par l'entraîneur, en fonction du public visé et des compétences à construire.

 

 

 

 

Dans ce chapitre, nous évoquerons des notions qui permettent de caractériser les systèmes de vent rencontrés, mais également le rendement du bateau.
Nous envisagerons différents modes de représentation et d'appréhension de ses trajectoires.
Nous verrons aussi comment aider à l'évolution des représentations des coureurs.

BORD RAPPROCHANT
Pour un même VMG, le bord rapprochant est celui qui permet d'augmenter le gain parcours.
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CADRE
Zone en forme de parallélogramme, dont les sommets sont matérialisés par les marques d'une section de parcours (près, vent arrière), à l'intérieur de laquelle toute les routes sont équivalentes en distance, pour un vent donné.
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COURANT
Déplacement de la masse d'eau par rapport au fond sous l'effet du vent ou des phénomènes hydrologiques. (marées, courants généraux…)

 

CMG
Terme anglais; abréviation de Course Made Good que l'on pourrait traduire par "trajectoire optimisée". Elle renvoie en français à la notion de GAIN PARCOURS.
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GAIN PARCOURS
Projection orthogonale de la vitesse fond du bateau sur l'axe du parcours.

 

VMG
Terme anglais; abréviation de "Velocity Made Good" que l'on pourrait traduire par "vitesse optimisée". Elle renvoie en français à la notion de GAIN AU VENT.
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GAIN AU VENT
Projection orthogonale de la vitesse surface du bateau sur l'axe du vent du moment.

 

LAYLINES
Lignes délimitant les bords du cadre de navigation, au delà desquelles le bateau sera contraint de naviguer avec un moindre VMG, en abbatant au près ou en lofant au portant, pour rejoindre la prochaine marque sur un bord.

 

LIGNE DE GAIN AU VENT
Ligne droite imaginaire, perpendiculaire à l'axe du vent, passant par l'étrave d'un bateau. Deux bateaux sur la même ligne de gain au vent ou gain sous le vent, sont dits "à égalité", à un instant donné.
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ROUTE FOND/ROUTE SURFACE
Positions successives occupées par le bateau, envisagées par rapport au fond, ou en référence à la surface de l'eau. En l'absence de courant, route fond et route surface sont confondues.

PRESSION OU INTENSITE ?
On retrouve souvent, dans les propos des coureurs comme des entraîneurs, utilisée la notion de pression, en référence à l'intensité du vent. On parle de "chercher une pression", "privilégier la pression plutôt que la direction du vent".

 

Sur le plan théorique, l'utilisation du terme pression pour évoquer l'intensité du vent est abusive. Si la genèse du vent tient à l'existence au niveau local ou général d'un gradient de pression, là où le vent est le plus fort n'est pas nécessairement l'endroit où la pression est la plus importante.

 

Le mot pression, qui plus est, a plusieurs sens : "pression" atmosphérique, "pression" des adversaires, "pression" aérodynamique, et maintenant, zone de "pression". Cette polysémie peut créer de la confusion dans les échanges avec l'entraîneur ou au sein de l'équipage.

 

Nos experts et la plupart des coureurs n'utilisent le terme, pour évoquer l'intensité plus importante du vent à un endroit donné, que par commodité. En effet, la notion de risée est parfois ambigüe, car elle renvoie souvent à un phénomène fugitif, et autant à une modification du vent en direction qu'en intensité, Le terme pression traduit, qui plus est, assez bien la sensation que l'on ressent sur le bateau quand l'intensité augmente : on a plus "d'appuis", le bateau est plus "en pression".

 

On retrouvera donc régulièrement le terme "pression" dans les propos ici rapportés, qui, pour incorrect qu'il soit, n'enlève rien à la pertinence des propos des experts cités.

 

 

VMG/CMG : Des référentiels différents

Evaluer son gain au vent, son "VMG", c'est chercher le bon compromis entre le cap et la vitesse, pour optimiser le rendement de son bateau dans des conditions données.

 

Sur un parcours de régate, en plus d'aller vite sur l'axe du vent, il convient également de s'interroger sur sa progression par rapport à l'axe du parcours. Cela impose en particulier de considérer tour à tour sa route surface et sa route fond, dans la construction de ses représentations.

 

 

Facteurs de modification du vent apparent

Le vent apparent, évolue en fonction de l'intensité et la direction respective du vent réel et du vent vitesse. Le document présente deux facteurs qui induisent un même changement de direction du vent apparent.

 

 

Rotation de vent et modification du cadre

Le cadre de navigation (voir définitions) peut être tracé en fonction du rendement du bateau dans un type de vent donné. Au cours d'un bord, de nombreux paramètres peuvent venir modifier ce cadre théorique : modification du VMG, présence de courant, et, bien sûr, les oscillations du vent, décrites dans ce document.

 

 

Objectiver Gain et Perte

Dans la construction de ses représentations, il est intéressant de comprendre les principes qui régissent le gain ou la perte enregistrés par un bateau dans une ado ou un refus.Il est également important d'avoir des données quantitatives sur les distances gagnées ou perdues, pour un écart donné entre deux bateaux, en fonction de l'amplitude des rotations du vent...

 

Réf / Document Marc BOUET " Naviguer au près dans un vent oscillant " Copyright Octobre 2004

 

Objectiver gain-perte : Lié à amplitude et écart

(pour un angle de remontée de 45°)
 

Amplitude de variation
Gain - Perte en %
Gain - Perte pour écart 100 m
12%
12 m
17%
17 m
10°
25%
25 m
15°
37%
37 m

 


Exemple de gain / perte instantanné dans une bascule.

 

Différents niveaux de représentations

Indépendamment du niveau de pratique et de performance, il existe une capacité plus ou moins développée chez les coureurs à se représenter les trajectoires sur l'eau. Connaître ces niveaux de représentations, permet d'orienter le type d'échanges que l'on peut avoir avec ses coureurs lors de bilans, à terre ou sur l'eau, quelques soient les moyens que l'on utilise pour objectiver les trajectoires.

 

 

Courant et Modification d'un CMG

L'influence du courant, si elle n'est pas directement reliée à la thématique du vent oscillant, interfère parfois dans l'interprétation des trajectoires, et peut amener à conclure à tort sur une adonnante ou un refu... L'exemple du courant dans l'axe de la route surface nous permet de revenir sur les notions "épauler" et "dépaler".

 

 

Interprétation des traces GPS

L'utilisation des traces GPS permet d'objectiver les trajectoires réalisées par les coureurs. Outil particulièrement intéressant dans l'analyse de l'entraînement et la construction des représentations des coureurs, il convient néanmoins d'en mesurer l'intérêt et les limites, afin de profiter au mieux des apports de cette technologie.

 

 

 

Trois types d'oscillations

En fonction des conditions météo, des particularités du site et de l'orientation du vent moyen par rapport à la côte, on peut arriver à classifier différents types de vent oscillants, qui permettent d'affiner son interprétation des situations observées, et d'anticiper sa réponse tactique en régate.

 

 

Structure du parcours

Le vent tourne mais pas le parcours...

Suivre le vent ne doit pas dispenser d'évaluer sa position par rapport aux marques afin d'éviter d'avoir à subir un bord obligatoire dans un refus pour rejoindre la bouée.

 

 

 

 

Questionnaire reprÉsentations

Apprendre, c'est acquérir des connaissances, mais c'est également modifier des représentations. Proposer aux coureurs de décrire ce qu'ils pensent être de bonnes trajectoires dans le vent oscillant permet :

- d'évaluer leurs connaissances de certains fondamentaux (adonnantes, refusantes, gain parcours…)

- de mesurer leurs capacités à se représenter leurs trajectoires et à les restituer

- d'accéder à leurs représentations des solutions à construire dans le vent oscillant.

Voici quelques questions permettant de faire le point à partir de certaines situations typiques.

 

Cliquez ici pour dérouler le questionnaire

 

Objectif 1: Evaluer le niveau de représentation mentale des routes suivies sur l'eau - TEST ECRIT

 

Question 1

Le vent est à l'ouest. Le parcours et la ligne de départ orientés pour un vent au sud ouest. Peux tu dessiner le parcours, la ligne de départ, le vent, indiquer les caps en relèvement (0° à 360°) et tracer la route que tu souhaiterais faire pour atteindre la marque au vent?

 

Question 2

Le vent est à l'ouest, la ligne de départ et le parcours sont bien orientés. Au milieu du bord de près, le vent tourne de 45° à droite. Peux tu tracer la meilleure route pour atteindre la marque au vent? Peux tu aussi en tracer une très mauvaise?

 

Question 3

Tu pars pour un bord de près de 15 minutes. La ligne de départ est orientée est-ouest. La marque au vent est au nord (0°). Au départ le vent est au 10°. Après 1/3 du près, le vent passe au 340°. Aux 2/3 du près le vent revient au 10°. Peux tu tracer la meilleure route pour atteindre la marque au vent? Peux tu aussi tracer une très mauvaise route?

 

Question 4

Tu viens de passer la marque au vent. Le vent est faible (6 nœuds) mais a été stable en direction sur le bord de près. A la ½ du vent arrière, le vent tourne à droite de 20°. Peux tu tracer la route la plus rapide pour arriver à la marque sous le vent?

 

Question 5

Tu viens de passer la marque au vent. La marque sous le vent est au sud (180°). Le vent est au 10° et faible (6 nœuds environ). Après 1/3 du vent arrière, le vent passe au 340°. Aux 2/3 du vent arrière le vent revient au 10°. Peux tu tracer la meilleure route pour atteindre la marque sous le vent? Peux tu aussi tracer une très mauvaise route?

 

Deux exploitations de traces GPS

Les GPS peuvent être employés à des fins diverses, en fonction des circonstances, des supports et des publics concernés.

Différentes utilisations des traces enregistrées peuvent être imaginées, et permettre la construction de nombreuses situations de travail avec les coureurs.

 

 

Objectiver les gains et les pertes

Objectiver les gains et les pertes suppose pour le coureur de construire un certain nombre de représentations mentales sur la géométrie du parcours et les lignes de gain au vent.

 

Il ne suffit pas de comprendre pour savoir faire, néanmoins ce travail constitue une base de discussion avec les coureurs, dans la perspective d'objectiver par la suite les choix de trajectoires, réalisées à l'entraînement ou en régate. Acquérir ces connaissances de manière ludique n'est pas une gageure !

 

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- On matérialise l'axe du parcours à l'aide de deux objets simulant les bouées sous le vent et au vent.

- A la bouée au vent on fixe un bout qui représente l'axe du vent réel.

- On fait bouger le bout tendu autour de son point fixe sur la bouée au vent pour simuler les rotations de vent en fonction d'un scénario pré-établi.

- A l'aide d'une grande équerre, on matérialise la vitesse surface des bateaux en bâbord et en tribord.

Consignes et organisation : On utilise des objets (maquettes, chaussures…) ou les coureurs eux mêmes si l'espace est important, pour simuler la position des bateaux. Ainsi on peut matérialiser les gains et les pertes instantanés sur l'axe du parcours dans une bascule de vent. On peut également leur demander de faire des choix de trajectoires en fonction du scénario des oscillations que déroule le maître du jeu. Ainsi on mesure leur capacité à anticiper sur les gains possible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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