La prise de décision peut toujours se résumer à la combinaison d'actes simples qu'elle suscite : tirer ou pousser la barre, choquer ou border…
Pour autant, même dans les cas qui paraissent les plus simples, et qui font appel à des connaissances ou des compétences fondamentales de l'activité, on mesure souvent la complexité du processus de décision : la nécessité à hiérarchiser et à envisager la fiabilité des informations que l'on traite, à choisir entre des perspectives contradictoires, à envisager les effets à court mais également à moyen terme de ses choix, placent les coureurs face à des dilemmes difficiles à résoudre.
Dans le contexte de la régate, la pression de l'évènement, la nécessité à assumer en équipage la décision prise, ajoutent encore à la difficulté. Du coup, certaines décisions qui nécessitent d'être prises dans des délais restreints ne le sont pas, alors que le gain à attendre est important. Un refus de courte durée, une modification de l'angle d'une ligne de départ…qui seraient facilement exploités à l'entraînement, deviennent sources de perturbation et interfèrent avec les exigences liées à la conduite et au réglage du bateau, à l'actualisation du projet stratégique…
"L'urgence décisionnelle" de la situation de compétition, est une contrainte spécifique à laquelle il faut préparer les coureurs.
Une voie consiste à construire des schémas de réponses applicables dans des situations typiques recensées : modéliser la régate en distinguant ses principales phases, les différentes situations que l'on y rencontre, et aider les coureurs à construire des automatismes pour réagir "en phase" avec les évènements. Cependant, on ne peut réduire complètement la complexité de notre discipline, et prétendre anticiper sur tous les cas de figure qui se présentent en régate. Quand bien même on le ferait, il y a fort à parier que les mêmes causes ne produiraient pas toujours les mêmes effets !
Dès lors, si il est important d'aider les coureurs à se construire des routines d'observation et de prise de décision, il faut bien considérer que leur compétence d'adaptation passe également par la capacité à se soustraire de schémas établis pour produire une réponse originale, singulière, et dispensée du recours à l'analyse consciente.
Dans ce chapitre, nous envisagerons principalement les fondamentaux tactiques et stratégiques liés aux situations de vent oscillant, en restituant par l'exemple différents modes d'adaptation à des moments particuliers de la régate.
Nous verrons également, au travers de cas particuliers, la difficulté à prendre des décisions et les modalités possibles de résolution de problèmes tactiques permettant sinon de faire ce que l'on veut, du moins "d'éviter ce que l'on ne veut pas"…
CISAILLESe dit d'un parcours ou d'un plan d'eau sur lequel, simultanément, l'intensité et la direction du vent peuvent varier suivant l'endroit où on les mesure.
POLAIRE Pour une force de vent donnée, représentation de la vitesse du bateau en fonction de son angle par rapport à l'axe du vent réel.
» Voir un schéma explicatif
REFUS OU ADONNANTE "RELATIF"Refus ou adonnante, qui ramène le vent du moment vers l'axe du vent moyen, sans le recouper.
Fondamentaux tactiquesDe même que le coureur se construit des schémas d'interprétation des repères qu'il prend sur le plan d'eau, il est utile de se construire un "fond de jeu", permettant, sans la formater, d'adapter sa conduite aux situations rencontrées.
Principes de base :
Réf / Document Marc BOUET " Mode vent / Mode vitesse " Copyright Octobre 2004
Mode vent / Mode vitesse
Plus le vent est stable ou la stratégie connue et obligatoire, plus il faudra fonctionner en « mode vitesse » : concentrer 80% de notre énergie sur notre bateau et notre vitesse.
Plus le vent sera instable en force et direction, plus il faudra fonctionner en « mode vent » : concentrer 80% de notre énergie sur les variations du vent pour les exploiter. |
Tactique / Mode vent :
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La ligne de départ :
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Réf / Document Marc BOUET " Naviguer au près dans le vent oscillant " Copyright Octobre 2004
Partir dans un vent oscillant
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Réf / Document Marc BOUET " Naviguer au près dans le vent oscillant " Copyright Octobre 2004
Après le départ
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Réf / Document Marc BOUET " Stage Maubuisson jour 3" Copyright Octobre 2004
Rôle de l'angle de descente
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Réf / Document Marc BOUET " Stage Maubuisson jour 3" Copyright Octobre 2004
Percevoir les possibilités en VMG de son support Plein VA contre grand largue :
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Concrétiser les gains
L'avantage acquis grâce à un choix tactique judicieux peut rapidement être perdu lors de la bascule suivante. Il importe de marquer son avantage, dès lors qu'on le constate, en en tirant le profit le plus immédiat possible. Objectiver ces sensations est intéressant pour le régatier comme pour son entraîneur, qui devra quant à lui prendre en compte la maturation progressive de ces qualités chez les équipages jeunes.
Prendre une décision sous pression
Quelles que soient les connaissances et les compétences tactiques des régatiers, il est parfois difficile de faire des choix, même simples, quand l'enjeu de la situation compétitive devient important.
Démarche de construction du projet stratégiqueCaractériser le vent, prendre des repères, puis adopter une démarche : une approche pragmatique pour construire son projet stratégique.
Prise de décision en 470
En double, le partage des responsabilités dans la décision s'impose. Il doit se faire en fonction des exigences du poste occupé, mais également des capacités et propensions de chacun.
Ce que l'on chercher et ce que l'on veut éviter au près...
Le jeu de la régate ne permet pas toujours de faire la route que l'on imagine idéale. Il convient également parfois de "limiter les dégâts", et dans ces moments on peut se satisfaire d'au moins ne pas faire ce que l'on veut éviter...
Le départFaire des choix au moment du départ suppose de mesurer un certain nombre de paramètres avant et pendant toute la procédure. Cela suppose également d'envisager, au delà du gain instantané au moment du départ, les gains ou pertes, différées sur le premier bord, du fait des évolutions attendues.
Hypothèse sur l'orientation de la ligne au moment du départ :
Choix de la position sur la ligne par rapport à l'évolution attendue :
complexité et exigence d'adaptation
Chaque modélisation est une représentation de la réalité, qui la rend intelligible et communicable, mais qui reste un reflet déformé par le prisme de l'interprétation... La complexité de l'activité voile, liée à l'incertitude du milieu dans lequel elle se pratique, sans minorer l'importance de la modélisation et la rationalisation des décisions, impose d'en souligner les limites.
Entre rationalisation et intuition
La prise de décision "intuitive", quand on la rencontre souvent et qu'elle produit des résultats adaptés, est souvent l'apanage du plus haut niveau. Mais il convient de rendre possible sa manifestation et son développement, en favorisant dès les premiers niveaux de pratique l'expression des émotions et des sensations liées à la navigation, la recherche de fluidité dans les actions du coureur, et en ne cherchant pas systématiquement à formater leurs réponses de façon algorithmique.
Entre rationalisation et intuition
A propos des intuitifs et des rationnels, je pense que seuls ceux qui sont des intuitifs dominants arrivent à très haut niveau de façon constante. Ce serait donc, pour moi, une grave erreur de les "formater" vers une dominante rationnelle. Un athlète de haut niveau prend l'essentiel de ses décisions sans en avoir conscience et il se rend compte de cette décision (elle accède à sa conscience) seulement dans un second temps quand le cortex pariétal et moteur se met en action. Ce décalage de temps serait d'environ 200 millisecondes (Voir Cerveau et psycho, Pour La Science, du mois d'août 04, p.78 à 83, Lafargue et Sirigu) . Cette décision est prise par le préfrontal qui synthétise toute l'expérience emmagasinée dans le cortex supérieur et limbique (ce dernier pour l'enregistrement des émotions qui seraient les vrais déclencheurs de la réponse motrice adaptée). Voilà pourquoi ces athlètes disent qu'ils savent ce qu'il faut faire sans pouvoir le justifier dans l'instant. Cela les amène à un très fort taux de bons choix tactiques et/ou techniques. On note à ce stade que les prises de décision "à chaud", dans toutes les situations d'urgence au contact (départ, bouée, duels, etc.) ne peuvent être prises que de façon intuitive et que c'est précisément cela qui fait souvent la différence à haut niveau, où les valeurs sont nivelées. Mais ce qui vaut à haut niveau vaut forcément à un autre niveau évolué. Cela implique bien sûr un long travail préalable pour rationaliser la vision du plan d'eau. Mais pendant l'entraînement cette rationalisation doit toujours être associée, d'une part à des sensations (qui vont devenir le ressenti sur lequel s'appuie TOUS les athlètes de bon niveau) et d'autre part à des émotions qui sont intimement associées aux sensations lors des apprentissages (on n'apprend pas la voile en salle mais surtout sur l'eau ou alors il faut avoir recours à l'imagerie puisque l'image motrice à les mêmes fonctions que l'action correspondante). Ces émotions, disent les chercheurs, sont les vrais déclencheurs de la réponse motrice adaptée : trouver l'émotion, c'est trouver la victoire disent en termes plus compliqués des chercheurs comme Damasio, Ledoux et Berthoz, ce dernier étant un des maîtres sur le sujet de la prise de décision. Ils ajoutent que ce couple émotion-sensations agit de façon implicite dans le déclenchement de la décision adaptée. Et que donc la décision est prise de façon inconsciente, l'athlète n'ayant que "l'unique liberté de refuser" (voir ci-dessus des mêmes auteurs). Ce serait sur cette "liberté de refuser" qu'il faudrait travailler, mais avec prudence. Un débutant, qui, on le sait, a déjà des automatismes n'a pas cette liberté. Celle-ci augmente avec la compétence (l'athlète de haut niveau possède cette liberté mais sait ne pas en abuser). Mais l'effet pervers du développement trop marqué de cette "liberté de refuser" tendrait à produire des coureurs qui passeraient plus de temps dans la réflexion que dans l'action (ou simplement trop de temps dans la réflexion). Des coureurs qui pensent qu'ils peuvent gagner parce qu'ils pensent qu'ils peuvent "comprendre" n'iront pas trop loin avec ce seul mode de fonctionnement. Le bateau n'avance vite que lorsque l'on est concentré sur l'action immédiate à venir, c'est-à-dire sur ses sensations, les réglages et un champ perceptif limité. Lorsqu'on passe trop de temps "en rationnel", c'est-à-dire en réflexion, on ne peut pas faire marcher le bateau pendant ce temps. De toutes façon, au contact, ça ne marche pas. Il y a bien sûr, un équilibre à trouver entre action et évaluation. Mais, pour moi, c'est la voie de l'intuition qui est la seule à suivre. Le rationnel ne doit être qu'un support, important certes, mais seulement un support qui permettent cette "liberté de refuser". Abuser de cette liberté avec trop de rationnel "formaté", c'est contrer l'intuition et c'est un peu refuser toute son histoire personnelle. Le cerveau réfléchit sans qu'il soit nécessaire de lui en donner l'ordre : c'est ce qui caractérise le haut niveau. C'est aussi, et c'est un autre chapitre, refuser la "fluidité" propre à l'état intuitif qui fait les grandes victoires. Cette recherche de l'intuition fait toute la finesse de l'entraînement et fait aussi la qualité de l'entraîneur. Les besoins de l'entraîneur ne sont pas forcément ceux du coureur et si l'entraîneur ne développe pas l'empathie nécessaire pour se mettre à la place du coureur, il sera décalé, parfois gravement décalé ! Un entraîneur, à mon sens, est plus souvent en mode rationnel qu'en mode intuitif. Il lui faut donc être "formaté" rationnel tout en évitant de se projeter sur son athlète. |
L'émotion dans la prise de décision
L'utilisation d'une démarche d'analyse et de prise de décision rapide et cohérente, ne peut s'affranchir de l'influence des émotions générées dans l'instant, par l'action qui se déroule ou en lien avec des situations plus ou moins anciennes. Cette influence, une fois reconnue, peut constituer une ressource pour la préparation et l'adaptation du régatier.
Concernant le traitement des informations. L'émotion peut déclencher des processus de variation du champ attentionnel (qui peuvent être appropriés ou non à la situation). Il peut se passer des phénomènes de " surcharges attentionnelles " qui limitent les capacités d'adaptation du régatier. Certaines informations dites " basiques " ou classiques passeraient à la trappe. Par ailleurs les états positifs du coureur favoriseraient la flexibilité attentionnelle et la mobilisation du régatier. Une hypothèse de travail serait de développer une forme de flexibilité attentionnelle et de passer à des états successifs d'adaptation et d'anticipation.
Concernant la prise de décision. La décision est émotionnelle, elle est rarement raisonnée au sens strict du terme, elle n'est jamais complètement rationnelle. Outre les éléments d'informations tactiques pris par le coureur sur l'eau en course, l'émotion entre en compte dans la prise de décision. Il en va de même pour la perception des compétences, qui se construit autour de plusieurs facteurs comme :
La perception des compétences par le coureur est de nature à générer des émotions positives ou négatives, elle participe donc pleinement aux décisions dites " intuitives ". Imaginons un régatier qui régate sur un plan d'eau qui ne lui a jamais trop bien réussi et qui régate dans un vent difficile. Qu'il y face référence de façon consciente ou non , on peut considérer que l'impact négatif ou positif des expériences passées aura une conséquence sur son mode décisionnel. La prise de décision n'est pas un acte neutre produit à partir de paramètres extérieurs, l'individu s'y investit avec tout son vécu émotionnel.
Le dilemme de l'intuition et de la rationalisation. Il semble que le fonctionnement du compétiteur passe successivement par des phases de rationalisation (dites plus ou moins conscientes) à des phases de réponse intuitive (dites non conscientes). Le passage de l'un à l'autre se situerait autour d'une perception de " forme ". Une forme peut être, par exemple, la reconnaissance d'une évolution de vent déjà constatée, dans des bords précédents ou dans des régates analogues. Celles ci sont mises en lien avec la situation rencontrée sans pour autant que le coureur en ait conscience dans l'action. On peut d'ailleurs penser que " l'énigme " de ce qui a déclenché la décision peut rester entière si elle n'est pas revisitée à posteriori de façon détaillée par le ou les coureurs.
La capacité de créativité en régate. Il semble que les compétiteurs experts aient une capacité créatrice. On entend par " créatif " les capacités d'un individu à sortir du cadre des réponses habituellement admises, pour trouver une nouvelle forme de réponse. Cette capacité créatrice repose sur expérience solide qui permet par le croisement des schémas rencontrés, de trouver une forme de réponse adaptée dans un temps court
L'imagerie comme outil pour acquérir de l'expérience en tactique. Utiliser l'imagerie pour entretenir et affiner ses expériences tactiques. Nous nous rappelons tous, de très bonnes expériences de régate, inscrites dans notre mémoire au point que l'ont pourrait raconter en détail certaines de nos décisions. Les bons coups tactiques peuvent être visualisés à partir des repères pris dans l'action, des sensations qui y étaient associées, des informations qui étaient partagées avec son équipier. Avant la régate, il semblerait intéressant de visualiser le type de vent, de se préparer mentalement aux configurations du plan d'eau et visualiser, par exemple, les schémas tactiques, y associer une stratégie de comportement et de centration à adopter sur le bateau (repères pris dans les oscillations, sur les concurrents, sur la conduite du bateau). |
Virer au refus : pas si simple
Etre dans l'adonnante est une priorité, mais les généralités ne s'accommodent pas toujours avec la singularité des situations en régate...
Réf / Document Marc BOUET " Naviguer au près dans le vent oscillant " Copyright Octobre 2004
Bonne analyse et bon choix face à ce refus est une clé du succès en régate :
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Refus et retour au vent moyen
Il est important de mesurer les oscillations quand elles se présentent afin de privilégier le bord adonnant. Cependant, il convient de suivre l'histoire du vent, et de mesurer la bascule qui se présente, afin de relativiser l'importance de la rotation au regard du vent moyen évalué.
Réf / Document Marc BOUET " Naviguer au près dans le vent oscillant " Copyright Octobre 2004
Le refus relatif: avec une forte amplitude de variation, on peut percevoir un fort refus et être seulement sur un vent moyen.
Choix sur un vent moyen :
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Choix de la bascule
Suivant les situations, les supports, on peut être amené à privilégier plutôt les variations d'intensité du vent, que les variations de direction, pour optimiser son gain parcours.
Réf / Document Marc BOUET " Naviguer au près dans le vent oscillant " Copyright Octobre 2004
Choix pression/bascule Comment choisir entre une bascule et plus de pression ? Ce tableau est valable d'autant plus au portant par rapport au près, ainsi que sur un bateau rapide par rapport à un bateau lent.
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Anticiper aux marques
Le passage de marque exige de prendre en compte les exigences de la situation présente, mais impose de se projeter sur la section de parcours suivante, et d'intégrer des éléments de choix qui peuvent être contradictoires d'une section à l'autre…
Réf / Document Marc BOUET " Préparation Stage Maubuisson 2004 / J3 " Copyright Octobre 2004
- Localiser le vent à gauche ou à droite pour décider de partir sur le bon bord (rapprochant) à MAV - Savoir gérer la dernière bascule à MSV :
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Conseils de Philippe PRESTI
Prendre en compte le côté "favorable" de la ligne, peut placer l'équipage dans une situation sans issue qui l'oblige à subir du refus et se placer du mauvais côté de la bascule à suivre...
Si le suivi du vent ne doit pas occulter la gestion de l'adversité en régate, il y a néanmoins des situations où les deux ne sont pas compatibles, et où les principes d'attaque et de défense sont à interroger.
Même sur une trajectoire "directe", le placement dans la risée, et l'adaptation de la conduite peuvent apporter des gains non négligeables.
Moins de bascules à gérer mais une opportunité de suivre les risées plus longtemps : le vent arrière est bien une allure ou le suivi du vent trouve toute son importance.
Analyser les choix de l'équipage en temps réel
On s'interroge souvent sur les raisons qui guident les choix des coureurs en situation d'entraînement ou de régate. Mais l'analyse différée de ces choix, même quand elle s'appuie sur des échanges approfondis avec les coureurs, permet difficilement d'accéder à ce qui a réellement pesé au moment clé, et quoiqu'il en soit, ne nous permet pas de réagir en temps réel. Il faut donc imaginer les moyens de réduire la distance, entre l'action et l'analyse.
Proposition de mise en place :
Enregistrement direct communication en double :
Vidéo embarquée avec communication en double :
Identifier les modes de décision de l'équipage
L'entraîneur doit prendre en compte les modes de fonctionnement de l'équipage, dans la construction des compétences des jeunes régatiers, autant que la logique des fondamentaux de l'activité. Mais l'analyse des pratiques des coureurs constitue une voie importante pour l'individualisation de l'entraînement, pour toutes les catégories de coureurs.
COMMENTAIRES Benjamin THOMAS
Plutôt que de baser l'apprentissage ou la formation sur l'apport de solutions et de principes tactiques aux coureurs, l'idée est de partir de l'équipage pour faire émerger son mode de fonctionnement. Il s'agit de comprendre qui ils sont afin de percevoir comment ils entrent en relation avec le domaine tactique. L'idée est de s'intéresser à " l'activité " des régatiers en tentant avec eux de réaliser une " analyse de leur pratique ".
On peut ainsi mettre en évidence le fait qu'il existe un écart entre les connaissances tactiques, que possèdent les coureurs, et la production tactique qu'ils mettent concrètement en place sur l'eau pendant une manche.
Ce qui déclenche une décision à bord n'est pas toujours issu d'un critère pertinent tel qu'ils le conçoivent théoriquement.
Pour commencer la formation, il semble plus judicieux de partir du fonctionnement coopératif de l'équipage.
La démarche que nous adoptons passe par :
Nous envisageons 3 phases :
1/ la prise de conscience :
2/ La construction :
3/ La reconstruction possible :
Ces pistes de travail devraient nous aider à ce que les coureurs accèdent sainement au domaine tactique, et éviter tous les blocages ou tous les obstacles à la compréhension. Une fois que les principes et les repères sont assimilés, les coureurs devraient avoir un système de représentation capable d'organiser et de ré agencer ces données et fonctionnements tactiques. Si les bases sont saines, les coureurs peuvent à priori adapter par la suite, un " modèle " qu'ils insèreront dans leur système de représentation. |